L’objectif de cette recherche est d’interroger les attitudes punitives en France et en Allemagne afin de déterminer, d’une part, s’il existe une culture pénale partagée entre ces deux pays et, d’autre part, si les citoyens jugent en accord avec leurs magistrats.
Une enquête par sondage a été conduite auprès de 4 populations : deux échantillons représentatifs des populations allemande et française, deux échantillons de magistrats allemands et français.
Il en résulte que si les préférences des deux populations divergent sur des questions d’ordre général (finalités de la peine, rétablissement de la peine de mort, positionnement politique sur une échelle gauche-droite), leurs perceptions de la justice pénale et de son travail, et surtout leurs jugements sur les cas concrets sont souvent très proches.
Les Français et leurs juges sont enclins à prononcer des peines souvent comparables. Les Allemands font un usage plus étendu du choix de peines à leur disposition que leurs juges. Cette divergence tient au caractère très libéral de la détermination des peines dans le système français et à la profusion des peines disponibles. En Allemagne, le droit de la détermination des peines est plus restrictif et concède au juge beaucoup moins d’autonomie.
Par ailleurs, il apparaît que les représentations que les citoyens se font de la justice et de l’efficacité des peines, pèsent d’un poids plus décisif que les facteurs sociodémographiques dans leurs choix pénaux et que la personne de l’auteur (sexe, patronyme) joue peu dans la formation du jugement.