Les médiations : logiques et pratiques sociales

Auteur•rice•s

Jean-Pierre BONAFÉ-SCHMITT, Jean-Claude ROBERT

Publication

2000

Depuis le milieu des années 1970, on parle de plus en plus de médiation que ce soit dans le domaine de l’administration, avec le médiateur de la République, de la famille, avec la médiation familiale, dans le domaine judiciaire avec la médiation pénale ou civile, ou encore celui de l’entreprise avec les médiateurs d’entreprise, sans oublier les médiateurs sociaux dans les quartiers.

Au-delà du phénomène de mode, il convient de s’interroger sur le renouveau de la médiation, car celui-ci ne peut s’analyser comme une simple réponse à des dysfonctionnements de l’institution judiciaire dont les effets les plus visibles sont l’encombrement des rôles des juridictions, la lenteur, la complexité, le formalisme et le coût des procédures… Contrairement à cette analyse très fonctionnaliste, nous pensons que la crise actuelle de la justice ne résulte pas de simples dysfonctionnements de l’institution judiciaire mais représente l’une des facettes de la crise généralisée de l’ensemble des mécanismes de régulation sociale : famille, quartier, école… Il est un fait que ces lieux traditionnels de régulation, mais aussi de socialisation sont en crise et nous faisons l’hypothèse que la médiation traduit l’émergence d’un nouveau mode de régulation sociale, un nouveau modèle d’action régissant les rapports entre individus, mais aussi plus généralement les relations entre l’État et la société civile.

Dans le cadre de cet appel d’offres, nous avons centré notre étude autour de trois hypothèses :

– La première est relative aux logiques de médiation avec une interrogation sur les différentes rationalités de nature instrumentale ou communicationnelle qui fondent les projets de médiation.

– La seconde hypothèse repose sur l’analyse des pratiques de médiation en se posant la question de l’unicité ou de la diversité des processus de gestion des conflits.

– Enfin, la troisième hypothèse est centrée sur le problème de l’identité des médiateurs : identité ou diversité ?