Le « Community policing » aux États-Unis : un mode alternatif de règlement des conflits urbains

Auteur•rice•s

Anne WYVEKENS, Jacques DONZELOT

Publication

2000

Cette recherche sur le community policing américain, que nous avons menée en parallèle avec une analyse des contrats locaux de sécurité français, a pour objectif de poser les bases d’une analyse comparative entre les politiques américaine et française de sécurité.

Pourquoi avoir voulu développer une dimension comparative ? Le contenu des démarches, d’abord, y invite: “police de proximité” et “production collective de la sécurité” apparaissent comme deux axes forts repérables des deux côtés de l’Atlantique. En amont du contenu, dans le registre de l’analyse, un autre élément suggère la comparaison. Au début des années quatre-vingt, en Amérique comme en France, le débat sur la sécurité s’ouvre à la dimension subjective de celle-ci, et commence à prendre en compte, au-delà des seuls faits constatés, le sentiment d’insécurité éprouvé par la population. Deux documents, tous deux parus en 1982, en témoignent : aux États-Unis, l’article de James Q. Wilson et George W. Kelling intitulé Broken Windows en France, le rapport Bonnemaison. Comparer ne consiste pas, toutefois, à dresser un tableau parallèle, descriptif. Ni à ériger les pratiques d’un pays en repoussoir – ou en modèle – pour l’autre.

L’enjeu est de mobiliser la compréhension de la démarche américaine pour mieux saisir la singularité de la démarche française, en brisant le sentiment d’évidence de ses choix.

Notre travail a comporté deux moments. Le premier bibliographique, visait à acquérir une connaissance précise des divers modèles de community policing expérimentés aux États-Unis, et à les resituer dans leur contexte historico-politique. Le second moment a consisté en un séjour d’une semaine à Chicago, ville abritant une formule résolument innovante et pourtant mal connue en France de community policing. Au cours de ce séjour, nous avons rencontré des chercheurs spécialisés sur ce sujet, des policiers et d’autres acteurs de terrain. Nous avons également pu assister à plusieurs réunions – d’habitants ou d’institutionnels – qui se tenaient dans le cadre du programme chicagoen.

Ce rapport reprend les deux moments de la recherche. Les deux premiers développements sont consacrés respectivement à l’analyse qui sous-tend les expériences américaines et à une présentation des différents “modèles” qui en constituent la traduction sur le terrain. Les deux chapitres suivants proposent une étude approfondie du modèle mis en place à Chicago: sa genèse et son fonctionnement; ses “résultats”.

Cette recherche est issue de l’appel à projet sur le thème : Modes alternatifs de règlement des litiges