L’esprit du temps. L’accélération dans l’institution judiciaire en France et en Belgique

Auteur•rice•s

Benoit BASTARD, Christian MOUHANNA, David DELVAUX, Frédéric SCHOENAERS

Publication

2012

La justice conserve l’image surannée d’une institution marquée par les délais et les retards – une lenteur qui était habituellement justifiée par la nécessité de prendre du recul par rapport aux événements qui se trouvent à l’origine du processus judiciaire et par le temps nécessaire à la maturation des décisions. En pratique, la notion de temps a vu son sens modifié dans les juridictions au cours des dernières décennies : désormais, les magistrats réagissent vite et sont supposés donner une suite immédiate à toute sollicitation. L’introduction, en France, du « traitement en temps réel » (TTR) des affaires pénales montre que le principe d’une réponse rapide est devenu un leitmotiv adopté par l’institution afin de réagir aux critiques récurrentes dont elle était l’objet dans l’opinion publique. Parallèlement, la justice, à l’instar des autres administrations, a été touchée par le mouvement de modernisation. La « managérialisation » de son fonctionnement a profondément modifié la conception du temps qui y prévaut. Plus largement, la volonté de traiter rapidement les affaires apparaît comme l’expression de l’accélération du temps qui touche la société tout entière. A cet égard, la présente recherche s’est appuyée sur le travail d’Hartmut Rosa (1) et s’est proposée d’illustrer et de mettre à l’épreuve l’idée d’accélération, en considérant la manière dont elle s’opérationnalise dans le champ judiciaire.

Cette recherche est issue de l’appel à projet sur le thème : Le temps judiciaire