La Convention européenne des droits de l’Homme vue d’ailleurs. Acteurs du « dedans » et du « dehors » dans la promotion d’une norme de référence

Auteur•rice•s

Stéphanie HENNETTE-VAUCHEZ

Publication

2010

Le droit de la CEDH est appréhendé ici non pas tant du point de vue de son aboutissement (un corpus jurisprudentiel foisonnant et souvent marquant) mais plutôt du point de vue de son histoire et de ses acteurs. Ce déplacement du regard est commandé par une prémisse théorique précise : le refus de toute ontologisation du droit (ici, européen) des droits de l’homme. Informé par certains des travaux les plus stimulants en la matière, un tel choix résulte du double constat que d’une part, les droits de l’homme sont toujours en dernier ressort fondés sur quelque chose de l’ordre de la croyance et que d’autre part, le seul moyen de produire une analyse de type scientifique d’un objet aussi spécifique consiste à considérer que les seuls instruments juridiques techniques sont insuffisants voire impropres à l’analyser. De sorte que le choix fut ici fait de considérer que ce n’est pas une seule logique autarciquement juridique (celle des catégories, méthodes d’interprétations et autres théories juridiques) qui a fait évoluer le droit (ici encore, européen) des droits de l’homme au cours du demi-siècle qui vient de s’écouler mais bien plutôt des individus placés en position de le faire et équipés des outils juridiques idoines. Cherchant autant que faire se peut à naviguer dans les eaux inconfortables qui séparent la posture de « l’enthousiasme naïf » de celle du « cyni[ que] mondain » que sont deux postures communes de l’interrogation théorique relative aux droits de l’homme, ce sont donc précisément ces individus et ces outils que la présente étude s’attache à mettre en lumière, dans une perspective à la fois historique et comparée.