Fabriquer la prison. Pour une étude des « spatialités » au sein de cinq prisons belges et françaises

Auteur•rice•s

Jennifer YEGHICHEYAN, Laurent SOLINI, Sylvain FEREZ

Publication

2016

Punition, contrôle, discipline, dissuasion, privation, amendement, instruction, thérapeutique, réhabilitation et depuis peu intégration de certains principes urbains; les fonctions relatives à l’enfermement carcéral ne cessent de se multiplier y compris pour s’opposer les unes aux autres. La fabrique de la prison, des programmes de construction, aux premières esquisses en passant par les réaménagements quotidiens, est alors traversée par bon nombre d’illogismes qu’une observation fine des « spatialités » permet de mettre au jour. Une enquête ethnographique de longue durée, menée au sein de 5 prisons belges et françaises, et couplée à un travail d’archives, permet alors d’appréhender les diverses modalités d’appropriation des espaces de l’enfermement. Lors de la conception, au moment où les espaces ne sont encore que figurés, durant le fonctionnement de l’établissement, une fois les lieux habités, aménagés, voire réaménagés, il s’agit d’interroger le rapport entre des atmosphères souhaitées ou tangibles et des usages anticipés ou existants. Les fonctions, les significations et même les identités imputées aux espaces sont d’abord le fait d’un positionnement, d’une orientation, du recours à la lumière naturelle, de l’utilisation de certains matériaux ou coloris, de la présence d’éléments de décoration tout autant que des usages qu’ils sont susceptibles d’accueillir. Au bout du compte, ce sont les spatialités carcérales qui révèlent, pourrait-on dire le mieux, l’ensemble des contradictions sur lesquelles repose la fabrique d’une « prison mosaïque » aux missions et aux définitions multiples, considérée pour le moins comme l’insurpassée traduction de la peine.

Cette recherche est issue de l’appel à projet sur le thème : AO Architecture carcérale