Le travail de recherche effectué par le CREAI Rhône-Alpes dans le cadre de l’appel d’offres de la MRDJ prend place dans un large débat sociétal où la justice des mineurs est sollicitée à répondre à des formes nouvelles de délinquance qui questionnent la pertinence et la légitimité de ses réponses.
Dans ce débat, alimenté par des représentations sécuritaires divisant l’opinion et le monde politique, les analyses classiques du rapport à la loi des jeunes en difficulté sociale sont mises en défaut.
Longtemps catégorisés selon des étiologies essentiellement psychologiques, les nouvelles formes de « délinquance d’exclusion » (Christian Bachmann) ne se laissent plus réduire à des modèles explicatifs qui, s’ils restent pertinents pour une partie des cas, ne peuvent rendre compte d’un effet de massification et d’un changement profond des repères normatifs où, pour reprendre une expression de Denis Salas « c’est la délinquance qui devient socialisante et non les institutions ».
Dans cette perspective, la justice des mineurs est confrontée à un aggiornamento substantiel les références théoriques et pratiques fondées sur une approche psychopédagogique des conduites délinquantes ne sont plus utilisables dans une société post-industrielle et libérale où les intégrateurs sociaux classiques (école, travail, famille … ) sont devenus inefficaces pour une partie de la population, où des formes de cultures contre normatives sont émergentes, modifiant ainsi les représentations de l’efficace de mesures éducatives prises par les juges d’enfants conformément à la logique de l’ordonnance de 1945, aujourd’hui fortement débattue.
Si de nombreux travaux sont aujourd’hui disponibles sur ces mutations, vues par divers acteurs sociaux et judiciaires, peu d’études prennent en compte le point de vue des jeunes eux-mêmes.
C’est ce que se propose d’initier ce travail par le projet d’accéder aux représentations des jeunes en difficulté sociale à l’égard des décisions de justice, et plus largement, de son fonctionnement et de ses modes d’action.