La loi du 9 septembre 2002 a prévu la création de 13 200 places de détention permettant de faire face à la surpopulation carcérale et de remplacer des établissements anciens, vétustes et inadaptés par des prisons respectant les normes modernes. Ce programme a entrainé la fermeture de prisons anciennes qui ont été remplacées par des établissements modernes construits puis mis en service à partir de 2007. Cette recherche vise à faire un premier bilan de ces nouvelles prisons en déterminant ce qu’elles ont apporté par rapport aux anciennes. Pour cela une approche pluridisciplinaire et concrète a été privilégiée. Des chercheurs de disciplines variées (architecture, économie, droit pénal, droit public, géographie, sociologie) ont menées des investigations dans plusieurs établissements tests soigneusement choisis (maisons d’arrêts du Mans et de Nantes, centres pénitentiaires de Nancy, Rennes, Poitiers), réalisant plus d’une centaine d’entretiens avec des détenus, des membres du personnel pénitentiaire, des riverains et des élus afin d’analyser de manière globale les résultats de l’ensemble du programme.
Il en ressort la confirmation que les nouvelles prisons sont effectivement plus conformes que les anciennes aux exigences actuelles d’hygiène et de confort. Cependant, elles forment des ensembles trop grands, impersonnels, qui manquent d’humanité en raison de la disparition de contacts humains remplacés par des installations technologiques (caméras, grilles automatisées, appareils de contrôle,…). La concentration dans un même centre de détenus aux statuts distincts a aussi pour effet un alignement de fait sur le régime le plus strict et une restriction des droits d’accès à certaines installations sportives et culturelles. La construction des établissements en dehors des villes (en périphérie ou en campagne) produit une dépendance à l’automobile préjudiciable à l’accès aux établissements pour les familles généralement peu motorisées ainsi qu’aux détenus dans une démarche de réinsertion. L’architecture des nouvelles prisons a été assez peu repensée par rapport à celles construites depuis les précédents programmes. La sécurité y tient la première place au détriment de la réinsertion qui est pourtant une des fonctions de la peine. La recherche d’économies d’échelle et le recours aux partenariats public-privé expliquent la grande taille des établissements ainsi que des difficultés de gestion entre partenaires publics et privés. Enfin, la relégation des prisons en lisière des villes évite certes un rejet de celle-ci par la population mais ne permet pas une véritable intégration dans la cité. La commune d’accueil a peu de retombées positives ou négatives de l’installation de ces constructions.