Afin d’évaluer les effets des groupes de parole de prévention de la récidive (GPPR), en tant qu’action éducative, sur le devenir des PPSMJ mais aussi sur l’aménagement des pratiques au sein des SPIP, deux axes de recherche spécifiques ont été développés :
- Axe 1 : Évaluation de l’effet du groupe de parole sur le devenir des sujets suivis, en tant qu’action éducative sur la prévention de la récidive, à partir d’une analyse qualitative de groupes de parole et une analyse quantitative sur un échantillon représentatif au plan national.
- Axe 2 : Analyse des effets induits par cette pratique nouvelle et observation des aménagements des pratiques professionnelles et institutionnelles qu’elle suscite, à partir d’une analyse « institutionnelle ». L’objet de la recherche a été défini autour du processus de esponsabilisation des sujets détenus/probationnaires au sein du groupe, en tant qu’il est composé de dimensions liées à la récidive.
Nous avons formulé l’hypothèse selon laquelle le groupe allait susciter du mouvement, du changement sur les axes qui définissent la responsabilisation, au regard des modules mis en œuvre dans le groupe et de la manière dont ils sont travaillés à travers la dynamique de groupe et l’animation des groupes.
En termes de contenu, la responsabilisation a été déconstruite autour de trois dimensions principales,formalisées à partir des données de la littérature et des éléments concrètement mis au travail au sein des GPPR : le rapport du sujet à l’acte et à la loi ; le rapport du sujet à l’autre et à la victime ; le rapport du sujet à lui-même et à lui-même en situation. Concernant le premier axe, nous avons observé que la dynamique de groupe favorisait l’émergence d’une prise en compte d’autrui, une modification du rapport à soi-même et une remise en question des positionnements personnels par rapport aux infractions commises. Deux types d’animation de groupe peuvent être distinguées, elles donnent des effets distincts : l’une centrée sur le processus de passage à l’acte, l’autre centrée sur le sujet pris dans sa complexité, appréhendant les émotions, l’altérité. Le deuxième axe montre que le développement et l’arrivée des GPPR se situent dans un contexte institutionnel complexe, marqué par des difficultés organisationnelles et de moyens. Trois axes articulés mettent en difficulté l’intégration signifiante de la pratique des GPPR au sein des SPIP : le cadre organisationnel, la politique pénale et le sens du métier. L’articulation d’une politique criminelle vécue comme de plus en plus sécuritaire à une augmentation de la part prise par le contrôle dans l’ensemble de l’activité professionnelle, associé à un vécu de surcharge de travail et à de changements rapides non assimilés dans la pratique, participent à une conflictualisation des positions professionnelles.
Au regard de l’ensemble des résultats, différentes préconisations sont proposées.
Cette recherche est issue de l’appel à projet sur le thème : Les groupes de parole de prévention de la récidive des personnes sous main de justice