Le travail pénitentiaire. Une étude de sociologie du travail

Auteur•rice•s

Danièle LINHART, Fabrice GUILBAUD

Publication

2006

Cette recherche porte sur le travail pénitentiaire, et plus précisément sur les activités de travail productif exécutées par des détenus au sein d’ateliers pénitentiaires. Cette étude privilégie un angle d’approche, celui de la sociologie du travail. Elle s’inscrit en cela dans une tradition qui vise à analyser les sociétés à travers le travail. Afin de fournir un tableau aussi complet que possible du travail pénitentiaire tel qu’il s’organise en France, cinq prisons ont été étudiées, chacune faisant l’objet d’une monographie détaillée. Le choix des prisons a été fait à partir de deux critères : le mode gestion et l’orientation sécuritaire. Ainsi, les trois types de prison, pris sous l’angle du régime de détention appliqué, sont représentés : maison d’arrêt, centre de détention, maison centrale. Par ailleurs, depuis 1987, il existe en France des prisons qui ne sont pas totalement gérées par l’État. Ces prisons sont appelées prisons à gestion mixte ou encore semi-privées. Dans celles-ci, l’Administration Pénitentiaire (AP) concède les fonctions qui relèvent du fonctionnement des prisons à des entreprises. Deux prisons à gestion mixte ont donc été étudiées (un centre de détention et une maison d’arrêt). L’enquête de terrain est constituée d’une analyse combinée de documents, d’observation in situ (sept à douze semaines par prison), et d’entretiens (138 dont 92 auprès de détenus).

Deux grandes hypothèses ont guidé notre recherche. La première s’inscrit davantage dans une thématique plus vaste de la sociologie et souvent abordée en sociologie du travail, à savoir celle de la socialisation. Nous proposions d’analyser cette dernière question à travers l’étude du rapport au travail des détenus. Il s’agissait d’établir si le fait de travailler impliquait un rapport différent, à la prison, à la société, aux siens et à soi en le rapportant aux conditions particulières d’organisation du travail dans la prison (prise comme une instance de socialisation). La seconde hypothèse consistait à prendre en compte la centralité de la logique sécuritaire dans la prison et d’étudier les incidences qu’elle pouvait produire sur le travail (surtout pour ce qui concernait la sélection et la gestion de la main d’œuvre).

Cette recherche est issue de l’appel à projet sur le thème : Travail pénitentiaire