Alcool et délinquance : recension bibliographique

L’extrême abondance de la littérature étudiant la relation entre l’alcool et la délinquance est un phénomène ancien qui a connu des phases d’intensification ou de désintérêt au gré des préoccupations collectives. Tous ces travaux attestent de la multifactorialité de cette question, d’autant plus complexe qu’elle relève de diverses disciplines. Leurs auteurs postulent, ou s’attachent à démontrer, un lien entre des comportements que d’aucuns rattachent à des spécificités individuelles et d’autres à des phénomènes de société. Parmi ces disciplines, retenons en particulier la criminologie, la sociologie, la psychologie, la psychiatrie, la médecine. Chacune a ses hypothèses, ses méthodes et ses techniques pour aborder un tel sujet. Et très rapidement, ces auteurs ont posé, presque intuitivement à l’origine, puis plus scientifiquement, le constat qu’il s’agissait d’un domaine multifactoriel et, partant de là, que son étude ne relevait pas de leur seule discipline. Il s’agissait alors pour certains d’entre eux de passer d’une pluridisciplinarité reconnue à une relative interdisciplinarité. Des chercheurs de ces disciplines tentent donc d’importer quelques savoirs des autres disciplines afin d’asseoir leur hypothèses, et de situer ou de compléter leur approche. Ceux qui le font de la façon la plus efficace peut-être sont les psychologues qui utilisent abondamment des modèles descriptifs ou expérimentaux qui permettent de structurer les phénomènes étudiés. Nous allons donc rassembler des éléments issus de diverses recherches qui pourraient contribuer à rationaliser et à améliorer les approches recensées, dont nous verrons qu’elles sont en bien des points critiquables. Et nous proposerons des moyens d’avancer un peu plus vers une interdisciplinarité reconnue comme indispensable, mais encore difficile à réaliser.