Actes du colloque des 30 et 31 janvier 2020 organisé par La Mission de recherche Droit et Justice en partenariat avec le Laboratoire Printemps et l’École nationale de la magistrature.
Ce colloque a permis de mettre en lumière les principaux résultats de la recherche soutenue par la Mission de recherche « L’âme du corps. La magistrature française dans les années 2010 » de Yoann Demoli et Laurent Willemez, enseignants-chercheurs à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (laboratoire PRINTEMPS).
En 2016, dans un contexte de besoin d’objectivation des caractéristiques des magistrats français et d’ancienneté des études sociodémographiques leur ayant été consacrées, la Mission de recherche Droit et Justice a suscité une recherche sur la profession de magistrat dans les années 2010. Les sociologues Yoann Demoli et Laurent Willemez, enseignants-chercheurs à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (laboratoire PRINTEMPS), ont relevé le défi de cette recherche à la fois qualitative et quantitative, visant à établir la morphologie du corps mais aussi à interroger les conditions de travail et les représentations du métier de ses membres. Qui sont les magistrats des années 2010 ? Comment travaillent-ils ? Comment gèrent-ils leurs nouvelles contraintes organisationnelles ? Quelles sont les raisons de leur mobilité ? Quelles sont leurs fonctions et spécialisations ? Autant de questions soulevées par ce rapport de recherche qui ont structuré ce colloque.
Parmi les principaux résultats de cette recherche présentés lors du colloque : la forte féminisation du corps, la prééminence de l’origine sociale élevée des membres de ce corps d’élite, le fait que les magistrats sont plus souvent en couple avec des conjoints qui leur ressemblent, mais aussi la démocratisation du corps depuis les années 1980, notamment via le deuxième concours qui recrute pour un tiers parmi les classes populaires salariées et les petits indépendants et pour un quart parmi les classes moyennes. Autre constat : la difficulté pour les magistrats et notamment les magistrates de pouvoir concilier vie professionnelle et personnelle avec un travail dont la charge croissante a tendance à « mordre » sur le temps personnel et la vie familiale. Tensions et difficultés sont particulièrement aiguës pour les magistrat.es les plus jeunes travaillant de façon solitaire. Si la mobilité géographique et fonctionnelle semble être une caractéristique générale de la profession, au point qu’elle en constitue un élément institutionnel fort, c’est parce qu’elle rend possible, statutairement, la promotion. Mais cette mobilité est limitée à la fois par les contraintes familiales des magistrat.es mais aussi par leurs dispositions professionnelles, appétences à tel contentieux ou à telle spécialisation.
Pour aller plus loin voir :
Conseil supérieur de la magistrature, « « Mouvements et mobilités d’un corps ». Une étude des « transparences » au siège et au parquet (années 2015 et 2016) », par Jean Danet, avocat honoraire, maître de conférences à l’université de Nantes, membre du Conseil supérieur de la magistrature, 2017