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Cérémonie de remise du Prix Jean Carbonnier 2023 : Delphine Griveaud, première sociologue à être récompensée pour sa thèse sur la justice restaurative.

Valérie Sagant, directrice de l’IERDJ, Diane Roman, présidente du jury, Delphine Griveaud, lauréate 2023 et Hélène Hoch, directrice de la Rédaction Civil-Pénal et Ouvrages chez Lefebvre Dalloz.
La salle de la Présidence dans laquelle s’est déroulée la cérémonie de remise du prix Jean Carbonnier 2023.
La remise du diplôme de la lauréate, Delphine Griveaud, en fin de cérémonie.
Delphine Griveaud, lauréate du prix Jean Carbonnier 2023 pour sa thèse portant sur la justice restaurative.
Une partie des membres du jury Jean Carbonnier 2023.
  • La cérémonie a été présidée par Diane Roman, nouvelle présidente du jury pendant 3 ans. Delphine Griveaud est la première sociologue et politiste lauréate du prix Jean Carbonnier depuis sa création en 2005.
  • Sa thèse sur « La justice restaurative en France. Sociologie politique d’un « supplément d’âme » à la justice pénale. »  a été soutenue le 30 août 2022 à l’Université Paris Nanterre et réalisée en cotutelle avec l’Université catholique de Louvain (Belgique) sous la direction des professeurs Sandrine LEFRANC, Valérie-Barbara ROSOUX et Éric PHÉLIPPEAU.
  • Le thème de la justice restaurative fera l’objet d’un « Arrêt sur recherche » exceptionnel, délocalisé à la Fondation Universitaire de Bruxelles le 5 juin prochain, en compagnie de Delphine Griveaud et Sandrine Lefranc.
  • L’appel à candidatures pour le prix Jean Carbonnier 2024 est ouvert jusqu’au 13 avril 2024.
  • Le prix Jean Carbonnier est organisé chaque année en partenariat avec les éditions Lefebvre Dalloz.

Le 18 mars dernier, au sein de la salle de la Présidence de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, des membres éminents de la communauté universitaire, des représentants du monde juridique ainsi que des étudiants et des chercheurs passionnés se sont réunis pour célébrer la thèse remarquable de Delphine Griveaud, honorée du prestigieux prix Jean Carbonnier, intitulée « La justice restaurative en France : Sociologie politique d’un « supplément d’âme » à la justice pénale « .

« C’est la première fois que le Prix Jean Carbonnier récompense une thèse de sociologie portant sur un objet de pratique. Je voudrais saluer chaleureusement et féliciter Delphine Griveaud pour ce travail de grande qualité », a souligné Valérie Sagant, directrice de l’IERDJ, en ouverture de la cérémonie.  

Diane Roman, professeure de droit public à l’école du droit de la Sorbonne et nouvelle présidente du jury Jean Carbonnier, a poursuivi en donnant quelques clés de compréhension sur la notion de justice restaurative, médiatisé par le cinéma en 2023 grâce au long-métrage de Jeanne Herry, « Je verrai toujours vos visages » : « La justice restaurative, en France, a dix ans. S’inspirant d’expériences internationales, et s’inscrivant dans un courant théorique ancien, elle a été introduite dans le code de procédure pénale par la loi du 15 août 2014 relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales (…) Toutefois, si le jury a récompensé la thèse de Madame Griveaud, ce n’est pas pour célébrer l’anniversaire de la loi du 15 août 2014, mais plutôt en raison des qualités intrinsèques de la thèse et notamment de la démarche suivie par la lauréate : celle d’une recherche s’inscrivant dans le champ de la sociologie du droit. »

Sous la direction des professeurs, Sandrine Lefranc, Valérie-Barbara Rosoux et Éric Phélippeau, la thèse de la lauréate s’est en effet basée sur une enquête de terrain conséquente et inédite menée entre 2016 et 2019 qui représente des centaines d’heures d’observation directes ou participantes. Elle s’est appuyée sur 71 entretiens semi-directifs réalisés depuis 18 villes différentes en France avec des individus qui étaient investis à différentes échelles dans la justice restaurative. Inédite également parce qu’elle est la première enquête à avoir été réalisée en France sur l’ensemble de ces pratiques.

En se penchant sur cette approche alternative de la justice pénale, Delphine Griveaud a donc exploré non seulement les mécanismes et les pratiques de la justice restaurative, mais également son impact sur le système judiciaire français et sur la société dans son ensemble. Toutefois, la lauréate souligne sa dimension encore « marginale en termes de nombre : en 2019, elle ne représentait que 141 bénéficiaires et entre 500 et 541 personnels formés comptabilisés par les deux grandes associations de justice restaurative en France, l’Institut français pour la justice restaurative et l’association de recherche en criminologie appliquée. »

La thèse de Delphine Griveaud, a su donc se distinguer par son analyse approfondie et novatrice de la justice restaurative en France, qui mérite « (de) se réjouir de la reconnaissance, par le jury, d’un travail comme celui de Delphine Griveaud, caractérisé par des allers retours permanents entre expériences pratiques et analyses théoriques », a estimé Diane Roman.

A la suite de sa présentation, l’auditoire a pu apprécier les échanges riches entre Monsieur Vincent Turbeaux, Conseiller à la chambre criminelle de la Cour de cassation, membre du jury et la lauréate. La question de la différence entre justice transitionnelle et justice restaurative, notamment, a été abordée.  Car si les deux ont pour point commun de proposer une rupture par rapport aux systèmes de justice classique : la première préconise la recherche de la vérité et la reconnaissance des responsabilités contrairement à l’oubli privilégié jusque dans les années 1990 pour répondre aux crimes de masse ; la seconde propose de se concentrer sur les répercussions vécues par les personnes suite à une infraction en dépassant l’acte commis. Toutes deux abordent la justice de façon holistique.

En honorant Delphine Griveaud, le Prix Jean Carbonnier 2023 a mis en lumière l’importance de la recherche universitaire dans la compréhension et la transformation de notre système juridique. À travers son engagement et son excellence académique, Delphine Griveaud incarne bien l’esprit d’innovation et de rigueur qui anime la communauté des chercheurs en droit.

Pour poursuivre les échanges de connaissance sur la justice restaurative, l’IERDJ organise un « Arrêt sur recherche » exceptionnel, délocalisé à la Fondation Universitaire de Bruxelles le 5 juin prochain, en compagnie de Delphine Griveaud et Sandrine Lefranc.

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Voir ou revoir l’intégralité de la cérémonie Jean Carbonnier 2023

Crédit photos : @claireruiz.photographie/IERDJ