- « Muzungu à la CPI : des œuvres-outils », l’ouvrage de Franck Leibovici et Julien Seroussi, vient d’être publié par les éditions des Beaux-arts de Paris, marquant une exploration audacieuse des intrications entre l’art, les sciences humaines et la justice internationale. Le livre rend compte d’une expérience déployée à la Cour Pénale Internationale (CPI) entre 2016 et 2022, en utilisant des œuvres-outils, c’est-à-dire des créations artistiques doublées d’outils professionnels, comme moyens légaux de délibération au sein de la CPI.
- Cet ouvrage est le fruit d’une collaboration étroite avec l’Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice. L’IERDJ a notamment contribué à sa réalisation ainsi qu’à l’organisation d’une exposition des œuvres à La Haye, à la Cour pénale internationale en 2022 et à Kinshasa, en République démocratique du Congo en novembre dernier.
- Cette parution donnera lieu à une présentation exceptionnelle le lundi 29 janvier à la bibliothèque Kandisky au Centre Pompidou à Paris.
En s’appuyant sur un cas concret, le procès de deux chefs de milices congolais (2009-2014), Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui, les auteurs explorent la manière dont l’art et la poésie peuvent fonctionner non seulement comme des représentations mais aussi comme des instruments d’action. Ils interrogent également la capacité des dispositifs artistiques à modifier les pratiques professionnelles et soulignent comment la maintenance d’œuvres d’art oblige à repenser la maintenance du collectif qui en prend soin.
« Muzungu à la CPI : des œuvres-outils » offre une immersion unique à l’intérieur de la Cour Pénale Internationale, proposant des moyens de navigation originaux dans l’ensemble complexe des preuves liées à un procès concernant la situation en République Démocratique du Congo. Ce qui rend, cependant, cet ouvrage véritablement singulier, c’est son exploration des techniques artistiques, poétiques et des sciences sociales comme moyens légaux de délibération au sein de la CPI.
Car à la Cour Pénale Internationale, une particularité émerge : ce sont les parties en présence, à savoir l’équipe du procureur et celle de la défense, qui mènent l’enquête. Les juges, par conséquent, délibèrent exclusivement sur la base des éléments de preuve présentés au cours du procès. L’absence de méthodes réglementées pour les techniques de délibération donne aux juges une latitude considérable, ouvrant la voie à une approche novatrice où l’art, la poésie et les sciences sociales peuvent rivaliser avec les routines juridiques établies.
Cette démarche révolutionnaire donne aux juges, qui n’ont pas été impliqués dans les enquêtes, un pouvoir peu commun dans le droit anglo-saxon : celui de mener des investigations documentaires à travers les éléments de preuve.
Pour en savoir plus : https://muzungualacpi.wordpress.com/
https://beauxartsparis.fr/fr/pagesimple/muzungu-la-cpi
Pour assister à la présentation à la Bibliothèque Kandinsky le 29 janvier 2024 à 18h30 (sur inscription libre obligatoire) :
A propos des auteurs : Franck Leibovici est artiste et poète. Julien Seroussi est agrégé de sciences sociales et docteur en sociologie, il a été analyste aux Chambres à la CPI, puis au Pôle « Crimes de masse » du Tribunal judiciaire de Paris