Alors que près de 700 juges de proximité ont été nommés depuis 2003, la recherche menée ici en dresse le portrait sociologique. D’une part, elle examine les profils socio-économiques des individus ayant fait acte de candidature. Qui aujourd’hui se sent suffisamment légitime pour endosser un tel rôle de juge ? Il s’en détache une image de la justice de proximité véhiculée par l’opinion publique, au nom de laquelle des individus postulent en dépit de leurs chances très variables de réussite. La population des juges en poste est ensuite étudiée sous ses aspects socio-démographiques. En comparant avec les candidats, il est possible de caractériser le travail de sélection opéré. Quelles étapes dans le processus de tri se révèlent déterminantes ? Quels éléments biographiques jouent véritablement dans le choix des postulants ? En ressort là encore une image de la nouvelle juridiction, cette fois construite par les instances de sélection.
Enfin, le recrutement consiste également dans la prise de fonctions des candidats retenus. Comment se passe l’arrivée de ces juges différents dans les tribunaux d’instance ? Leur accueil et les modes d’adaptation des juges de proximité sont ainsi examinées. Cette étude s’appuie avant tout sur un matériau statistique. Il a été recueilli tout d’abord à partir des dossiers de candidature à la justice de proximité déposé depuis 2002 à la Chancellerie. Un certain nombre de caractéristiques biographiques ont été relevées, ainsi que des informations quant au devenir administratif de chaque candidature. Pour les juges en poste, une base de données exhaustive fournie par le ministère de la Justice a été exploitée statistiquement. Enfin, ces données brutes ont été complétées par les récits plus personnels des parcours ayant conduit à certains juges à faire acte de candidature et à intégrer les tribunaux d’instance. Quinze entretiens semi-directifs sont analysés ici.
Il s’avère que les candidatures sont assez homogènes, émanant principalement de populations proches du domaine du droit et de la justice. Se dégagent deux groupes assez bien délimités par la variable du genre : des femmes relativement jeunes, travaillant déjà dans le domaine juridique et des hommes proches de la retraite issus plus souvent de l’encadrement, privé ou public. La sélection des candidats se traduit par un avantage aux candidats féminins, jeunes et actifs dans le secteur du droit. Cela tient en partie à la stricte observance des critères de diplômes et d’expériences professionnelles imposés par le Conseil Supérieur de la Magistrature. Enfin l’intégration dans les tribunaux d’instance se révèle également plus facile pour les candidats déjà habitués à fréquenter les lieux judiciaires.
Cette recherche est issue de l’appel à projet sur le thème : Juges de proximité