La résolution en ligne des litiges dans le contexte africain est le point de rencontre de deux discours enchantés. Celui des nouvelles technologies, qui tend à concevoir des solutions techniques à toutes sortes de problèmes, y compris politiques. Et celui du développement, qui tend à penser le monde comme une structure linéaire ne pouvant atteindre une sorte d’optimum qu’à condition d’adopter les bonnes institutions pensées en dehors de tout contexte local.
La convergence de ces deux discours a conduit l’aide au développement à adopter une position paradoxale dans les programmes de renforcement de la justice africaine qui peine à générer la confiance des populations dans les institutions de la justice.
D’un côté, l’aide au développement privilégie une approche managériale des institutions de la justice étatique, confondant efficacité et proximité et marginalisant les institutions informelles, et de l’autre, elle glorifie des modes de règlement informels des litiges importés des pays développés, lesquels méconnaissent tout à la fois les structures économiques et la conflictualité des rapports sociaux sur le continent africain.